" La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l'espoir du Monde ? "
Léopold Sédar Senghor
Bonne pensée du matin
A quatre heures du matin, l’été,
Le sommeil d’amour dure encore.
Sous les bosquets l’aube évapore
L’odeur du soir fêté.
Mais là-bas dans l’immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s’agitent.
Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira sous de faux cieux.
Ah ! pour ces Ouvriers charmants
Sujets d’un roi de Babylone,
Vénus ! laisse un peu les Amants,
Dont l’âme est en couronne.
.../...
(1854-1891)
"Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours."
ARTHUR RIMBAUD
AIMER
Mourir d’aimer
Ne plus aimer
Et en mourir
Je t’aime
Le dire encore
Le vivre encore
Le voir encore
Dans tes yeux
Dans ton corps
Aimer la valse
Mais préférer le tango
Aimer rire
A en mourir
Aimer à la folie
A en perdre la raison
Aimer Brahms
La pastorale aussi
La cinquième
La septième aussi
Au ciel, au ciel, au ciel
Essayer d’y monter
Et n’y rien trouver
Dans tes bras
Pleurer pour oublier
Toutes ces joies
Toutes ces peines
Une vie entière
Pour t’aimer
Jacques Ebermeyer
Ô NUIT…
Ô nuit, tu nous embaumes des fraîcheurs de ton ombre,
Malgré toutes les étoiles qui scintillent dans ton noir.
La lune brille là-bas avec une pâleur sombre,
Mais mon petit cœur est plein de désespoir.
Ô nuit, que ton silence s’entend dans ma poitrine ;
Que ton calme s’unit à ma respiration ;
Car dans ma tête triste et sur mes petites narines,
Ta belle sérénité, pour moi, n’est qu’affliction.
Ô nuit, pourquoi m’as-tu laissé dans ma maison,
Grignotant mes dix doigts, pleurant comme un enfant ?
Et dans ma morne cage, comme un petit oison,
Pourquoi donc m’envoies-tu ton souffle échauffant ?
Ô nuit, que reste-t-il de mes amours sauvages ?
Toutes celles qui, soi-disant, m’adorent et me cajolent ?
Des filles butinant mon cœur comme un breuvage ?
Où sont ces têtes blondes posées sur mon épaule ?
Où est Marie-Christine, son rire et son regard ?
Où est la Rosita à l’accent espagnol ?
Que fait Danielle la belle avec ses yeux hagards ?
Et la Rita sauvage et son esprit frivole ?
Ô nuit, apportes-moi encore quelques plaisirs
Pour que je puisse goûter le miel de ma vie,
Pour que mon cœur, toujours, essaie de se saisir
La chance de l’amour, l’amour de l’envie.
Ô nuit, belle compagne, offres-moi un présent,
Comme Papa Noël quand j’étais tout enfant.
Je voudrais un cadeau qui n’est pas bien pesant :
Une fille embaumée de ton parfum plaisant.
LEVER DU CRÉPUSCULE
Le soir tomba lentement sur la nature en fleurs,
En semant sur son ombre le sommeil des vivants,
Imposant sur ses pas la magie des couleurs.
Ô soir, tu nous apportes la fraîcheur de ton ombre.
Au loin, sur la colline, le coucher du soleil,
De couleurs violacées, fait tacheter le ciel.
Une étoile scintilla dans cet azur vermeil,
Saluant le bel astre d’un ton confidentiel.
Je vois là-bas aussi, image chère à ma vue,
Des paysans, chantant, délaisser leurs travaux.
J’entends leurs voix vibrer dans toute cette étendue :
Rizières dorées d’été mûrissant dans ces vaux.
Tout près de moi, soudain, dans ces bruits de roseaux,
Un chant, une mélodie, un appel au repos.
Sa majesté moineau, sa majesté l’oiseau
Attend ses oisillons, sa femme et son dodo.
Une brise est venue, modeste et bienfaisante,
Rafraîchir ce tableau au seuil du crépuscule.
Ma fatigue, un moment, de moi-même s’absente,
Car aujourd’hui le jour n'était que canicule.
Au son de leur clochette, ruminant et meuglant,
Des boeufs, au fond, s’en vont coucher dans leur bercail,
En cherchant la fraîcheur de ce soleil sanglant,
Chassant la lassitude de leur puisant travail.
Puis tout se fait silence, pas une seule oraison,
Pas un appel d’oiseau, pas un air de la brise,
Pas un seul meuglement, pas une seule trahison :
La nature souffle enfin, fatiguée de sa crise.
Le soleil s’est éteint, la nuit s’en est venue,
Le ciel s’est animé de ses milles pensionnaires.
Et tout là-bas aussi, au fond de l’étendue,
En halo de mille feux, la ville s’anime claire.
L’oiseau est au coucher, les hommes au souper,
Les vaches en ruminant ont fermé leurs grands yeux.
Sortant de mon abri, mon esprit estompé,
Je contemple cette vue, ce repos bienheureux.
Ô nuit, voici le temps de ma méditation,
Ce temps où je te prie pour calmer nos esprits.
Enlève de nous-mêmes toutes nos afflictions,
Que la paix nous revienne, que la joie nous sourit.
Rocky
A. Harry RABARAONA
Auteur
Compositeur - Interprète
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Bonne pensée du matin
(suite)
Ô Reine des Bergers !
Porte aux travailleurs l’eau-de-vie,
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.
Arthur Rimbaud
Derniers vers
"Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, elle sera poète, elle aussi ! "
ARTHUR RIMBAUD
Bretagne
Au bruit de la vague
Toujours renouvelée
A ces matins de brume
Ou le ciel et la mer
Se trouvent mêlés
A ces nuits
Ou tous les bruits atténués
Par la seule corne de brume
Le silence est troublé
A ces matins de soleil
Ou tout est beau
A en pleurer
A cette mer à ce pays
Ou je suis né
Et où chaque jour
Ou presque
Va ma pensée
A la vie, à la mort,
Comme le ciel et la mer
Le rythme des marées
Intimement liés
Ensemble apaisés
Un recueil de poèmes qui évoquent le temps qui passe, l'enfance, la nature ou encore les épreuves d'une existence.
" Rocky est une rencontre des plus singulières. Ce poète, auteur, compositeur, interprète a encore de belles choses à raconter. Issues d'un parcours de vie riche en rebondissements et cachées aux recoins de son coeur, Il nous les livre et, avec elles, laisse s'échapper les secrets de son âme."
Merci Rocky !