Propos recueillis pas Stéphane Théri
2019 (Juin-Juillet) : Château de Mirambeau, Charente-Maritime, France
2019 : Group Show, Galerie ArtLigre, Paris, France
2017 (Octobre) : ArtShopping, Carrousel du Louvre Paris, France
2017 (Juin) : World Art Fair, Chelsea, New-York
2017 (Février) : « Beauty and elegance », Galerie Flyerart, Rome
2016 (Novembre) : Durant l’ « Origin Africa », Antanjombato, Madagascar
2016 (Octobre) : « Au-delà de l’apparence », Antananarivo, Madagascar
2016 (Mars-Juillet) : Group Show, Bangkok, Thailand
2014 : Spiritual Art Thérèse de Lisieux, Broadway, New York
Le progrès sur l’émancipation de la femme s’est accéléré depuis quelques années déjà. Certes il y a encore des (longs) chemins à faire, mais la Femme prend sa place dans la société, elle y est ancrée et prête à se battre pour son indépendance, son droit, sa liberté. Etre une femme de couleur c’est le plus difficile quand s’ensuivent les préjugés, les clichés ainsi que le racisme passif.
Tara Shakti s'est récemment concentrée sur l'esclavage des femmes à travers des chaînes visibles et invisibles et sur l'effort de soi face à l'esclavage humain décrit dans sa série «Archives» (2019-2020). Cette période de son travail suscite une réflexion sur la façon dont les femmes de tous âges, nationalités et confessions ont été forcées à jouer des rôles de soumission, d'asservissement et même parfois sous-humain, rôles qui n'avaient que pour objectif de satisfaire les envies d'une société masculine dominatrice.
Ceux qui suivent mon travail savent que la cause de la femme est quelque chose que je defends et que j’essaie de transmettre à travers mon art. La conscience collective se réveille malgré le faite que les violences faites aux femmes se sont augmentées, et que j’essaie d’expliquer avec la série “ Archives” et laquelle a remporté le Mosaic 2019 Exposé Award à New York. Cette série témoigne la force et la dignité de la Femme malgré ses souffrances quotidiennes, ses plaies béantes visibles et invisibles.
Je donne toujours une dimension spirituelle et divine aux femmes de mes peintures. Elles ont été longuement bafouées, humiliées, minimisées. Comme disait l’écrivaine Françoise d’Eaubonne : « Les valeurs du féminin, si longtemps bafouées, puisqu'attribuées au sexe inférieur, demeurent les dernières chances de survivance de l'homme lui-même. Mais il faudrait faire très vite ; encore plus que de révolution, nous avons besoin de mutation. »
Françoise d'Eaubonne, Le Féminisme : histoire et actualité, Alain Moreau, 1972
Il est temps de rendre leur place initiale c'est-à-dire le féminin sacré.
Toujours cette envie de créer presque en urgence, une passion dévorante comme deux amants qui doivent se retrouver. Chaque création engage une étape vers la prochaine œuvre.
Outre la passion de créer, la connaissance de soi donc de moi, et le développement personnel m’ont toujours interpellé.
Après mon séjour à Madagascar, j’étais partie étudier l’art en Italie (Florence) où j’avais peint une toile intitulée “ Nosce te ipsum” (Connais-toi toi-même). C’est un précepte que je garde bien en vue dans tout ce que j’entreprend dans la vie de tous les jours. Arriverais-je un jour à connaître le sens de “ qui je pense être?”, je ne saurais dire...
Cela arrive parfois que je fasse des rêves aux compositions d’une toile, d’une idée, d’un sujet et une fois j’avais fait ce rêve où les dieux et déesses se font la guerre pour avoir “des votes” des humains pour se faire élire en tant que Dieu ou Déesse authentique, car apparemment ils sont trop nombreux et les humains ne se retrouvent plus. De ce fait, au réveil en écrivant dans mon petit carnet de note de rêves , l’idée qu’il y ait pu un “ conflit céleste” émerge.
La série Au-delà de l’apparence est née en 2016, durant mon séjour à Madagascar pour me reconnecter avec ma source, faire une pause, une introspection.
Dans cette série, ces femmes n’ont pas de visage dont chacune de nous peut bien s’identifier.
Je parlais dans cette série de la maladie grave comme le cancer qui a emporté ma mère, mais que rien en apparence ne se montrait. Elle avait ce noble coeur dévoué aux autres, de l’altruisme naturel mais qu’au fond et surtout à la fin de sa vie, la question petit à petit émergeait sur à force de donner, qu’avait-elle reçu en retour?
Egalement, je parlais dans cette série des apparences physiques des femmes dans le milieu professionnel, la discrimination lors des entretiens d’embauches, jugées d’emblée sur le standard publicitaire de leur physique, leur tenue...Un sujet très controversé mais bien réel.
Je parlais aussi de ces femmes battues, de ces femmes violées qui n’osent pas en parler, qui n’ont aucun suivi psychologique et que cela peut amener à une fin tragique de la personne.
Comme le tango qui se danse à deux, une exposition engage toujours deux protagonistes principaux: l’artiste qui crée, qui expose et s’expose et le spectateur avec son regard, son avis et son jugement sur l'œuvre. En 2019, j’ai fait une exposition intitulée Dialogue au Château de Mirambeau. C’était un moyen de communiquer un aperçu de notre patrimoine et culture malgache. Le spectateur était surtout intéressé par l’explication de la série Sikidy qui parle de l’art divinatoire malgache. Entre autres, je m’étais mise dans le rôle d’une ambassadrice culturelle malgache. Mais le plus important pour moi est de créer et non pour sa finalité ni pour son utilité.
C’est surtout d’exprimer ma vision du monde.
Je viens d’une famille d’artiste, où la peinture, le dessin et la musique baignaient notre quotidien, mais c’était en feuilletant un magazine où les oeuvres de Goya apparaissaient qu’au fond de moi j’avais su que j’allais devenir artiste, ou en tous les cas je voulais me mettre sérieusement au dessin et à la peinture. Je ne saurais pas dire précisément quelles sensations j’avais de mon premier coup de crayon puisque je dessinais déjà un peu par ci et par là et j’avais 7 ans.
Nous savons en tant qu’artistes que les œuvres vont être jugées “bonnes “ ou “mauvaises”, nous savons que parfois le spectateur est moins sensible aux messages à passer et que les goûts sont relatifs. Il doit donner, analyser ses propres suppositions . Le plus gros trac, à mon avis, c'est de laisser l'œuvre quelque part pendant le temps d’exposition, où l’on se demande si elle est bien placée, si on l’a bien traité...presque comme une enfant que vous allez laisser quelque part pendant un certain temps.
D’une idée part deux, trois compositions jusqu’à en faire une série, mais un autre sujet peut également jaillir pour en faire une autre...et ainsi de suite. En tant qu'être humain le repos physique est certes important mais cela n'empêche pas l’imagination de tourner, créer est vital! La hantise du syndrome de la toile blanche rôde également dans la vie de tous les jours en tant qu’artiste.
Que ce soit dans l’art ou dans d’autres domaines, le regard sur les femmes vont inévitablement changer. Au bout de mes pinceaux j’apporte ma pierre d’ engagement de dialogue d’un sujet majeur, une incitation à l’action pour faire bouger les choses et reprendre le contrôle sur le long terme.
J’opterais sur le transfert culturel, l’ouverture vers l’autre en dépassant le volet folklorique et les accumulations des clichés non représentatifs. La plus grave maladie de notre époque serait l’ignorance et le mépris des différences.
Avant d'être une nationalité, nous sommes toutes des êtres humains dans la quête d’une sécurité, d’une vie meilleure, d’une acceptation de notre différence. Chacune de nous est porteuse de valeurs, d’héritage et qu’in fine, nous parlons toutes le même langage. Indépendamment des frontières géographiques la divergence et convergence nous rapprochent.
Peindre c’est voyager vers un autre monde, c’est aussi méditer parfois sur la vie, sur des sujets , sur soi-même.